On parle beaucoup actuellement des problèmes de l'école en France. Elle est en train de regresser dans les classements mondiaux.
Les résultats dans les épreuves de maths, sciences et lecture sont loin d'être brillants. Même si 79 pays et économies ont participé et que la France se trouve parmi les 30 premiers, ce n'est pas un résultat très convaincant pour la septième puissance mondiale (en 2022).
Si l'on considère uniquement les 36 pays membres de l'OCDE en 2018, le constat est encore plus préoccupant ! La France oscille entre le 15e et le 21e rang, au même niveau que l'Allemagne. Ce n'est pas vraiment flatteur...
Le classement Pisa
Ce classement est réalisé par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (ou Pisa), un ensemble d'études menées par l'OCDE pour évaluer les performances des systèmes éducatifs.
Les enquêtes sont menées tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les pays membres et partenaires de l'OCDE, et elles donnent lieu à un classement appelé "classement Pisa".
En 2022, les épreuves Pisa ont duré trois heures et trente minutes, réparties en séquences. Les deux premières heures étaient dédiées aux tests de compréhension écrite, de culture mathématique et scientifique, ainsi qu'à la pensée créative. Ensuite, un questionnaire de 50 minutes concernait le milieu socio-culturel des élèves et leur bien-être à l'école. Les réponses à ces tests sont confidentielles et aucun résultat individuel n'est établi.
Essayons maintenant de mieux comprendre les enjeux liés à l'enseignement et à l'apprentissage à l'école.
La salle de classe : hier et aujourd'hui
Nous avons visité une ancienne salle de classe dans le Jura. Tout a été reconstitué avec le mobilier de l'époque. On ressent l'atmosphère d'antan. Ce n'est pas sans rappeler cette fameuse photo de Robert Doisneau de 1957.
Mais j'ai été très surpris de constater que cela ressemble beaucoup à nos classes d'aujourd'hui: l'estrade, le bureau du professeur et les rangées des tables des élèves en face. Cela correspond tout à fait au schéma de l'apprentissage classique. Le professeur, détenteur de la connaissance, dispense son cours et les élèves.
Vous ne le savez peut-être pas mais la façon actuelle d'enseigner date du début du XIXeme siècle. A cette époque, plusieurs approches coexistaient :
- L'enseignement simultanée inventé par Jean baptiste Delasalle en 1680 et popularisé dans ses écoles. Il y a un unique enseignant unique détenteur du savoir qui va dispenser un même cours à un ensemble d'élèves rassemblés à un même endroit.
- L'enseignement mutuel inventée en Angleterre par John Lancaster. Il est utilisé en France entre 1815 et 1850 mais n'y aura pas beaucoup de succès. Les élèves travaillent ensemble et les plus avancés / les plus âgés expliquent le cours aux autres. Chacun est à la fois élève et professeur (ou en tout cas “répétiteur”) selon ses compétences et appétences.
La manière d'enseigner à l'école correspond à un choix politique et religieux datant de 1848 après une bataille idéologique féroce entre ces deux méthodes entre 1811 et 1848. Il faut dire qu'a l'époque, la problématique était tout autre qu’aujourd’hui. Il s'agissait de diminuer la criminalité (en enfermant les jeunes pauvres dans les écoles) et de leur fournir une certaine hygiène physique et morale, aucunement de les instruire.
La partie religieuse triompha car l'enseignement mutuel était trop efficace et les élèves sortaient trop vite de l'école !
Mais les temps ont bien changés, particulièrement depuis le début du XXIème siècle. Il est étonnant que l'approche simultanée ait encore la primeur dans les écoles modernes.
Penser l'enseignement différemment
D'abord quelques constats
De nos jours, le savoir n'est plus exclusivement détenu par les enseignants, surtout avec l'avènement d'Internet et des technologies comme l'intelligence artificielle (ChatGPT, par exemple). Le modèle d'enseignement simultané semble donc dépassé.
Un autre aspect frappant est la passivité des élèves : ils sont littéralement en position de "réception" de l'enseignement. De plus, l'aspect physique de l'élève est ignoré : ils passent des heures assis, ce qui affecte inévitablement leur attention et motivation. Il est difficile d'être à 100 % en fin de journée après deux heures de sport, par exemple.
Enfin, la plupart des élèves ressentent du stress à l'idée d'aller à l'école, ce qui nuit à leur plaisir d'apprendre. Il est donc crucial de repenser la classe pour mieux impliquer les élèves.
Vers un modèle collaboratif
Si nous nous basons sur l'enseignement mutuel, la salle de classe est découper en plusieurs espaces ou des groupes d'élèves travaillent ensemble sur des problématiques. Les élèves étant les plus avancés dans l’apprentissage peuvent être utilisés en tant que pivot pour l’enseignement. De plus, il n'est plus question d'être passif mais d'être moteur pour comprendre un sujet ou résoudre un problème. Les élèves peuvent être à cet effet rassemblés en groupes de travail pour discuter, collaborer et argumenter sur des sujets.Ils ont accès a internet pour faire des recherches, voir des vidéos, photographier les tableaux... L'enseignement quant à lui devient un encadrant. Il reste en support pour les questions et guider les élèves vers les bonnes directions.
L'enseignement inversé
Une autre approche peut être l'enseignement inversé. Le principe est le suivant: le meilleur moyen d'apprendre est d'enseigner. Cela peut paraitre bizarre de prime abord. Comment enseigner quelque chose que l'on ne connait pas ? Le cours est fait à la maison et les exercices à l'école. Pour travailler le cours, les élèves disposent de livres, de polycopiés, de sites, de vidéos précédemment sélectionnées par l'enseignant. La tâche des élèves est desormais de faire le plan du cours, de rédiger les chapitres, de penser les évaluations. Des groupes sont alors constitués par l'enseignant pour réaliser cela. Il s'agit véritablement alors d'une entreprise avec des équipes qui vont interagir entre elles. La méthode des tableaux tournants peut être mise en place pour rendre encore plus collaboratif le travail entre les différentes équipes.
Notons également que d’autres types d’enseignements existent tels que l'enseignement non contraint avec la Sudbury Valley School dans la ville Framingham, Massachusetts.
Conclusion
L'objectif de ce post était de vous montrer qu'il existe plusieurs méthodes d'enseignement et que celle utilisée principalement à l’école n'est pas forcément la meilleure. En tout ce n'est pas forcément celle promulguée actuellement qui est la meilleure. Elle résulte de choix politiques d'un autre temps (XIX siècle) et elle a peu évoluée.
Si Louis Pasteur revenait, il serait surpris de découvrir la recherche actuelle tant elle a évoluée. Par contre, Jules Ferry retrouverait l’école quasiment telle qu’il a connue.
Des pays ont su s’adapter pour offrir un meilleur apprentissage. Parmi les pays bons élèves dans les classements, nous trouvons la Finlande. Ce dernier prône le bien-être à l'école et apprend aux élèves à vivre heureux. Ce pays sait faire évoluer son système en mettant en place des écoles laboratoires pour tester des méthodes d'enseignement et voir celles qui marchent le mieux. Les élèves y sont moins stressés et plus soutenus par des figures enseignantes. Ces dernières ont un statut beaucoup plus central dans la société.
A notre niveau, nous ne pouvons pas changer le système mais avoir conscience qu’il existe d’autres méthodes d'apprentissage. Ces dernières peuvent ouvrir d'autres horizons et faciliter notre propre apprentissage au quotidien.